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Le mot de la Saint-Jean de Daniel Bernhard

Le mot de la Saint-Jean de Daniel Bernhard

Écrit par
Daniel Bernhard
directeur général et porte-parole, les AMIS de la radiodiffusion
le
23 juin 2020

À l'occasion de la Saint-Jean-Baptiste et de la Fête nationale du Québec, le directeur général et porte-parole des Amis de la radiodiffusion Daniel Bernhard vous parle de culture et de journalisme, en vous faisant part des craintes qui l'habitent en ces temps incertains.

Le mot de la Saint-Jean de Daniel Bernhard

Daniel Bernhard, directeur général et porte-parole des Amis de la radiodiffusion.

Alors que les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste et de la Fête nationale du Québec se dérouleront en grande partie en ligne cette année, il est difficile de ne pas s’inquiéter du sort à long terme de notre culture. Sous quelle forme sortira notre industrie culturelle de la pandémie?

Comme vous, j’ai trouvé beau de voir nos artistes partager leurs talents en ligne, les rendant accessibles à tous et à toutes et nous permettant du même coup de nous divertir un peu. En voilà des gens qui ont le sens de la communauté et du don de soi! Malheureusement, nous savons bien que ces prestations et ces cyberinteractions ne sont que des pansements qui sont appliqués en attendant de guérir, et des pansements que certains savent mieux utiliser que d’autres.

Les sommes offertent par nos gouvernements afin d’aider notre milieu culturel à tenir sa tête hors de l’eau est plus que bienvenue. Par contre, la présente crise sanitaire révèle à quel point notre société et ses filets sociaux ne sont pas adaptés à la réalité des artistes, qui travaillent bien souvent projet par projet ou à la pige. Et les baumes servant à réduire les maux ne s’attaquent trop souvent qu’aux problèmes de surface. Qu’arrivera-t-il à nos salles de spectacles, nos cinémas, nos musées et à ceux et celles qui pratiquent des métiers essentiels à leur fonctionnement?

Les tournages de fiction recommencent peu à peu, mais plusieurs qui y travaillaient auparavant se demandent comment adapter leur pratique aux mesures sanitaires actuellement imposées. Comment maquiller, coiffer, habiller ou poser un micro sur un comédien ou une comédienne en respectant les mesures sanitaires qui sont constamment mises à jour? Demanderons-nous à ces derniers de le faire eux-mêmes? Et comment jouer une scène devant refléter l’intimité d’une famille ou d’un couple? Sera-t-il possible de tourner dans des espaces clos et étroits?

D’autres se demandent carrément s’ils seront exclus des équipes qui doivent être réduites à un minimum.


Nos représentants politiques semblent fonder tous leurs espoirs sur la capacité de nos artistes de se réinventer et de s’adapter à la présente situation, mais qu’en est-il des artisan.e.s qui habitent peu nos pensées, faute d’être vus, mais qui sont essentiels à l’existence du milieu à long terme? Les traiterons-nous comme nos réseaux d’aqueducs en nous souciant de leur sort seulement à l’arrivée d’une catastrophe?

Pour l’instant, nous semblons toujours souffrir du syndrome du Quartier des spectacles; fiers de ce qui est à la surface et qui pourra permettre au grand public de voir et d’écouter notre culture, alors que ceux et celles qui la font réellement vivre se font évincer de leurs locaux et n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

Le temps est venu pour nous de nous questionner en profondeur, histoire de savoir à quel point nous tenons à notre culture et quelle place nous voulons réellement lui accorder dans notre société. Ensuite, il faudra rapidement passer à l'action.

Pour ma part, comme je le dis souvent, je crois qu'il est grand temps que nous nous choisissions au lieu de prioriser les profits des géants du Web milliardaires, qui ont bien peu d'intérêt pour notre culture et à qui on impose encore moins d'obligations pour la faire vivre. Au lieu de nous laisser marcher dessus, nous pourrions remettre de l'ordre dans notre maison et sortir dignement de cette crise!


D’autre part, cette crise a aussi fait valoir l’importance de nos journalistes comme jamais auparavant. Plus que jamais, leur travail a été lu, vu, écouté et apprécié. Les informations qu’ils et elles nous ont transmises, souvent gratuitement, nous ont permis de mieux comprendre cette situation hors de l’ordinaire, de savoir comment s’y adapter et de rester en sécurité dans la mesure du possible. Paradoxalement, la COVID-19 a empiré la crise des médias en faisant drastiquement chuter les revenus publicitaires, ce qui a tristement mené à plus de 2000 mises à pied depuis le mois de mars seulement, à des réductions de service et parfois carrément à des fermetures permanentes.

Nos médias d’information jouent un rôle essentiel dans notre société. Ils sont le reflet de nos communautés et de notre culture. S’ils disparaissent, c’est un peu de notre identité qui disparaît en même temps.

C’est pourquoi, tous les jours, moi et la petite équipe des Amis, nous nous consacrons à lutter pour protéger leur existence et pour que notre culture puisse continuer d’exister. Pour qu’au Québec, et dans la francophonie canadienne, il soit toujours possible de fêter la Saint-Jean en français dans cent ans. Pour que nous puissions tous encore connaitre nos chansons et notre histoire, et non seulement celles des autres. Pour que nos auteurs et autrices puissent référer à certains aspects de notre culture dans leur travail, sans se soucier des attentes homogénéisantes de plateformes colossales étrangères. Pour que nos journaux locaux puissent continuer de parler de nos communautés et de les servir. Pour que notre culture puisse rayonner.

Parlant de cette belle culture, c'est le temps de la célébrer!


Bonne Fête nationale Québec, et bonne Saint-Jean à toutes et à tous!

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