En 1984, le nouveau gouvernement Mulroney a amputé le budget de Radio-Canada de 100 millions de dollars, une décision qui ferait perdre à Radio-Canada plusieurs de ses émissions et de ses employés. À la fin de cette année-là, Radio-Canada avait dû mettre à pied 1 150 personnes, seulement pour tenir le coup.
Radio-Canada est le fil qui nous relie les uns aux autres et qui nous aide à définir notre identité. Les compressions de Mulroney étaient inacceptables, voir anti-canadiennes. Elles devaient être combattues.
En février 1985, Ian Morrison a réuni un groupe constitué de concitoyens et de personnalités publiques canadiennes interpellées par la question. Afin de riposter, ils ont sorti une annonce de deux pages dans l’édition nationale du Globe and Mail. Sur l’annonce figurait une lettre adressée à Brian Mulroney signée par 1200 personnes, ayant toutes contribué 20$ pour financer l’annonce. L’éditeur du Globe and Mail nous a refilé un bon coup de main en nous accordant un tarif enviable. Une telle annonce était sans précédent et sa parution causa tout un émoi. Plus important, elle a engendré un mouvement national indéfectible pour la défense de la radiodiffusion publique canadienne.
1985, la première action des AMIS est la parution d’une annonce de deux pages dans le Globe and Mail.
Depuis la parution de cette lettre ouverte en 1985, notre mouvement a connu une croissance exponentielle. Sous la gouvernance d’Ian, les AMIS sont passés de 1200 sympathisantes et sympathisants en 1985, à 364 000 aujourd’hui. Avec ce soutien continu, les AMIS financent des études politiques pointues, maintiennent une présence active à Ottawa, et travaillent avec ses sympathisants partout au pays à monter des campagnes populaires qui font pression sur le gouvernement afin qu’il protège le journalisme canadien et les histoires de chez nous.
Une trentaine d’années de revendication et quelques victoires acquises de haute lutte laissent aujourd’hui Radio-Canada en meilleure posture que ce n’avait été le cas depuis longtemps. Nous profitons de cette relative accalmie pour continuer de réclamer la pleine indépendance du conseil d’administration de Radio-Canada. Et si le gouvernement - actuel ou futur - décidait s’en prendre à Radio-Canada, nous serions prêt à répliquer, forts de l’appui de nos 364 000 sympathisantes et sympathisants.
Plusieurs personnes oublient que nous sommes les AMIS de la radiodiffusion et non seulement les AMIS de Radio-Canada. Notre travail est de défendre l’ensemble du journalisme canadien et des histoires de chez nous, dont vaste part est en présentement en péril. Faites-nous confiance pour ne pas lâcher le morceau.
Daniel Bernhard et Ian Morrison
Notre mission de protéger et de stimuler notre culture et notre démocratie est intemporelle. Mais, comme l’environnement audiovisuel, nous sommes en constante évolution. Avant, défendre le Canada, c’était tenir tête à Hollywood et à d’autres intérêts commerciaux motivés par l’appât du gain, souvent au détriment de notre culture et de notre économie.
Hollywood est toujours dans les parages, mais, aujourd’hui, défendre le Canada c’est aussi d’affronter la Silicon Valley. Le gouvernement canadien accorde un passe-droit aux géants technologiques tels Facebook, Google et Netflix depuis des années, au frais du Canada. Les géants de l’écoute en continu tels que Netflix doivent être tenus de percevoir les taxes de vente et de contribuer leur juste part à création de contenu canadien. Et nous devons assurer la survie du journalisme canadien, alors que les revenus publicitaires sont redirigés vers des compagnies telles que Facebook qui ne paient pas les créateurs de contenu, n’engagent pas de journalistes et n’assument aucunement la responsabilité du discours haineux et des fausses nouvelles qu’ils diffusent abondamment. Les AMIS mènent la bataille pour soumettre ces monopoles de la techno au contrôle démocratique.
Le Canada a besoin d’une SRC bien financée et indépendante pour lutter contre les fausses nouvelles et pour raconter nos histoires incontournables. Notre culture et notre démocratie en dépendent.